lundi 14 avril 2014

De Kirkenes à Tromsø, 2 jours de croisière en Arctique

Cette année notre objectif est d'étendre nos horizons au delà de notre région du Hordaland. Direction le grand nord donc en ce 22 mars, plus exactement Kirkenes à quelques kilomètres de la frontière Russe. De là nous embarquons sur l'Hurtigruten, l'express côtier qui rallie infatigablement les villes côtières de Norvège depuis 1893, en un voyage aller-retour de 11 jours: Bergen - Kirkenes - Bergen.  (plus d'info sur http://fr.wikipedia.org/wiki/Hurtigruten) Notre bateau s'appelle le Nordkapp et doit nous mener jusqu'à Tromsø.
Zoom sur le nord de la Norvège




Notre route en blanc au nord de la Norvège



























Kirkenes
Arrivée à Kirkenes, 61°N (le Nord du Canada), 30°E (pareil que le Caire). Il fait -10, tout est blanc, ils ne prennent plus la peine de déneiger les routes. Du coup plus de distinction entre la chaussée et le trottoir, cela donne à la ville un air de village sans route tracée. Cette ville minière se situe à 15km de la frontière Russe et souvent les panneaux sont traduits en cyrillique en plus du norvégien. On croise également beaucoup de véhicules russes, un peu rouillés, les bâtiments industriels ont un petit air soviétique, tout ça couvert de neige. Et pourtant on retrouve nos enseignes Norvégiennes familières.





On est bien organisées !





Assez de contemplation, il ne faudrait pas rater le bateau ! On prend le temps d'aller s'approvisionner en liquides diverses au Rema1000 du coin (et oui ça ne passait pas en cabine). Oui car l'Hurtigruten l'hiver, ça reste accessible pour une cabine mais ils se rattrapent sur l'alimentaire :oS Du coup, après quelques renseignements pris sur internet, nous embarquons avec notre fidèle bouilloire, et un stock conséquent de pâtes chinoises, plats lyophilisés, café, petit déj et kit à sandwiches. La banquise peut bien nous coincer, nous sommes prêtes pour un siège !



Le fjord de Kirkenes et son growler






Et c'est parti... Nous quittons le fjord de Kirkenes, parsemé de quelques growlers: le gulf stream ne rentre pas autant vers l'est et les rives sont complètement gelées. On voit également des phoques, des montagnes enneigées qui tombent dans l'eau, des lumières rasantes du nord, et on se gèle car il fait toujours -8 au plus chaud de la journée !!





Comment se réchauffer dans ces conditions ? Nous avons bien remarqué les deux jacuzzis à l’arrière du pont 6... On vérifie à la réception: oui oui ils sont en fonctionnement en libre service. Hahaaaa! (là on fait la tête qu'on a quand on a une idée derrière) Bon, il y a un moment délicat à franchir, celui où on est en maillot dans le vent avec les pieds nus dans la neige. Mais dès qu'on est dans l'eau à 40° c'est un pur bonheur ! Bien au chaud, un bonnet pour se prémunir du vent glacial, à regarder les fjords plonger dans la mer de Barents... Classe...







Mais sitôt rhabillées (oui, deuxième moment délicat...), l'Hurtigruten atteint sa première escale, le village de Vardø. Ses habitants le proclament la seule commune au climat Arctique de Norvège: la température moyenne sur l'année reste en dessous des 10°C. Le bateau sonne sa sirène lorsqu'il approche de la petite île qui abrite ce village de pêcheur. C'est très touchant, on n'a jamais vu un village comme celui-ci, dans un environnement aussi hostile. Une île battue par les vents, -10, de la roche et de la neige, et quelques maisons de pêcheurs. Quelques bateaux et quelques phoques dans le port. Le tout dans une lumière grise rasante (et encore il fait jour en cette saison) On a plus que jamais l'impression d'être au bout du monde. On a le temps d'un petit tour à terre, surréaliste. Le cimetière de l'église est particulièrement marquant. Cette première escale est celle qui nous marquera le plus. En partant des espèces de gros guillemots s'envolent au ras de la coque.



Une escale typique de nuit
La vie à bord continue: petite sieste dans notre cabine tout confort, dîner maison, une nouvelle escale de nuit, puis une autre. On va se coucher en laissant le service de communication interne allumé afin d'être réveillées en cas d'urgence... euh d'aurore boréale :o) A peine endormies, branle-bas de combat, des lumières polaires ont été vues à tribord ! On sort en panique, mais on ne voit que quelques vagues lueurs très pâles. Bof... on est crevées et on retourne se coucher.











Havøysund
D'après nos calculs le lever du jour va coïncider avec le passage au sud de l'île du cap Nord, passage au nord du point le plus au nord du continent Européen. 5h30 donc, nous sommes les seules passagères réveillées. Le pont est couvert de neige, l'escale du matin (Honningsvåg) est magnifique entre grains et aube naissante. On s'installe au salon du pont 7 pour admirer le passage entre deux îles toutes blanches. Magnifique soleil pour notre escale suivante: Havøysund.








Retour de la pêche à Hamerfest



Le temps d'une sieste, nous voilà déjà à Hammerfest. Toute la matinée du deuxième jour se passe à 71° de latitude Nord, soit au nord de l'Alaska et de la Sibérie, 500km au nord du cercle polaire Arctique. Cette fois nous avons le temps d'explorer la ville, qui abrite déjà un bateau sismique malgré la saison, et qui cet été sera le cœur de l'exploration pétrolière en plein boom dans la région. Les rues, les pontons, les bateaux sont toujours aussi enneigés. Les montagnes qui sont à présent de plus en plus abruptes, sont couvertes de structures prêtes à protéger la ville de possibles avalanches. Le temps est magnifique et les points de vue superbes.










Ça se dégrade...
Et nous repartons. On retourne se mettre dans le jacuzzi pour admirer les fjords. Le temps se dégrade: il neige, le vent forcit, il fait vraiment froid. Quelques escales rapides et glaciales ponctuent la route. On retourne préparer notre dîner dans la cabine puis sortons à l'arrière du pont 7 pour le manger. Les passagers sont tous au restaurant, le pont est désert sauf un égaré. On arrive. Étonnant cette pâleur derrière ce nuage, ce serait la lune ? Une bourrasque chasse le nuage, et dévoile l'aurore boréale ! Elle se concentre, devient plus verdâtre, mais toujours plutôt pâle. Les fameux drapés se forment, se concentrent, se déplacent, occupent tout le ciel, puis se recentrent à bâbord. C'est toujours très pâle et impossible à photographier, et ça bouge assez vite quand même. Puis au bout de 5 minutes environ, l'aurore se disperse et s'étale en lueurs pâlottes dans tout le secteur nord. Les autres passagers arrivent, il n'y a plus rien à voir. C'était notre aurore boréale :o)



Tromsø vu depuis la montagne
Nous arrivons 2 heures plus tard à Tromsø, notre destination finale où nous passons la journée du lundi. La ville est magnifique, sur une île, encadrée de montagnes enneigées en général plus abruptes que par chez nous dans le sud (à 1500km au sud quand même hein...). Evidemment on visite la cathédrale arctique, un joli édifice moderne et pointu. Puis on se décide pour l’ascension de la montagne à l'est de la ville. Il y a un téléphérique mais c'est bien plus marrant (et plus humide) de monter dans la neige. La vue est sublime: outre les montagnes enneigées et les maisons multicolores, la mer est moins profonde que chez nous et prend des couleurs turquoises. C'est vraiment superbe.



Tromsø et sa cathédrale "arctique"
On redescend, un petit tour au musée polaire (les expéditions d'Admunsen sont parties de Tromsø), on salue le voilier "la Fleur de Lampaul" qu'on est bien surprises de trouver là ! Le temps se dégrade, on commence à geler et ce n'est pas le fiskekakke mangé sur la place qui nous réchauffe. Direction l'aéroport, par le réseau de tunnel et ses deux rond-points au milieu, puis nous regagnons notre ville de Bergen finalement si tempérée, ou les couleurs printanières commencent définitivement à poindre.









Quelques jours plus tard, jeudi midi, le Nordkapp arrive en baie de Bergen, sous les fenêtres du bureau de Camille. La boucle est bouclée, d'ici quelques heures le Nordkapp remet le cap vers Kirkenes...

Pas mal la vue du bureau, hein ?

Pour plus de photos, cliquez ICI.

mercredi 2 avril 2014

Saltimbanque change de peau

L'état de la peinture à la sortie de l'eau
Cela fait quelques années que la peinture de la carène de Saltimbanque cloque. Ce n'est pas très grave, tout les ans on ponce grosso-modo et on barbouille par-dessus. Mais cette année on a décidé de faire les choses bien et de traiter le problème en profondeur. Saltimbanque a donc passé une grande partie de l'hiver au sec pour un lifting bien mérité (et vu les coups de vent de cette année, on était bien mieux sur notre terre-plein!)








Le zinc est mis à nu partout où la peinture ne tient plus
Le plan d'action est établi après avoir discuté avec Maud du voilier Cirrus (allez voir leur super blog: http://cirrus.eklablog.com): ils ont refait la quille de leur Brise de Mer 31 récemment et nous conseillent sur le ponçage et le type de primaire à utiliser.
On enlève toute la peinture qui ne tient plus avec un grattoir puis on ponce jusqu'à atteindre la couche de zinc silicate qui protège l'alu. La coque est nickel, pas la moindre trace de corrosion, et il reste encore pas mal de zinc, parfait!





Quand il fait assez chaud, on ponce une dernière fois le zinc pour bien le marquer, on nettoie et on passe une première couche d'Inter-Protect, une primaire epoxy super étanche mais qui ne colle que sur le métal.

La couche grise étanche recouvre le zinc - et seulement le zinc
Toujours la primaire epoxy qui protège la coque


On recouvre cette première couche grise par une seconde couche d'InterProtect blanc
A ce moment commence le grand puzzle des primaires époxy. Nous en avons 2 types: la blanche (InterProtect) qui ne colle que sur le métal ou sur elle même, et la grise (Primocon) qui tient sur tout. S'ensuit un savant jeu de surcouchages et de débordements afin d'assurer une protection de 4 couches de primaires en tout endroit

Premier contourage en gris
Tribord, beaucoup moins atteint
Au fur et à mesure des couches, le gris grignote le blanc
Voilà c'est assez de primaire.
Maintenant le travail le plus agréable: recouvrir tout ça d'antifouling !

Première couche d'antifouling spécialement pour les endroits refaits

Et on continue à peindre en bleu


Pendant que ça sèche, on installe notre nouvelle grand-voile :o)


Et voilà le résultat après 4 week-ends de travail ! La coque est toute lisse !!! Et le bateau prêt pour la mise à l'eau ! Au passage remarquez notre nouveau pare-batte en mousse. L'ancien (nommé Jésus car c'est toujours notre pare-batte martyr...) a disparu dans un coup de vent en octobre. Bienvenue à Jésus2: la résurrection !
La quille, comme neuve

La coque complètement lisse, comme au salon nautique !























Le résultat est magnifique et on mitraille la carène dans tous les sens fières de notre travail. Car 2 jours plus tard le bateau a été remis dans l'eau, et quand  on voit à quoi ressemble notre place à marée basse, on peut imaginer que notre si belle peinture disparaît déjà sous la vase...