jeudi 19 juin 2014

C'est l'été....

C'est l'été à Bergen depuis début mai où le temps s'est mis résolument au beau. Mis à part quelques jours de pluie intense, le soleil brille et les températures dépassent régulièrement les 20°. On partage donc nos week-ends entre diverses occupations de plein air...

11 mai: ascension du Gulfjellet

Le Gulfjellet, littéralement la montagne jaune, est le plus haut sommet de la commune (étendue) de Bergen: 987m d'altitude. Nous décidons sont ascension par la face nord, et même s'il est raide le chemin est absolument superbe, une de nos plus belles randonnées en Norvège. A partir de 700m de haut environ, la neige commence à pimenter la balade.








Mais quelles couleurs ! Le ciel si bleu, la neige brillante sur la roche noire, et cette vue jusqu'à loin au large à l'ouest, jusqu'au glacier du folgefonna au sud et au Hardangefjorden à l'est... On descend la face sud en croisant quelques skieurs qui randonnent planches au pied.





Une fois à la Redningshytten en bas de la face sud, on se rappelle que la voiture est garée de l'autre côté et on remonte une deuxième fois jusqu'au sommet pour redescendre l'autre versant, toujours aussi joli...








24-26 mai: sur Saltimbanque 

Cette année on a décidé de passer du temps en Norvège pendant la meilleure saison, en mai-juin. Mais il nous est difficile de ne pas naviguer de temps en temps sur notre petit Saltimbanque qui nous attend sagement à Newhaven.

Petite balade en Angleterre sud pour ce week-end de 3 jours. Nous partons vers l'ouest dans un petit vent de sud très bien. Tout serait parfait sans ces nuages bien noirs à l'horizon au vent... Ils approchent, premier éclair, premier grondement de tonnerre... Comme sous les tropiques on cherche la porte de sortie, mais le grain est large, et se déplace très lentement, il semble difficile de l'éviter. Heureusement les éclairs cessent lorsque le phénomène nous touche. Mais quelle pluie !! Et quelles rafales ! Certes nous sommes au près, mais on ne tient plus la grand voile et continuons sous foc 1 seul pendant quelques minutes humides. On veut bien les grains tropicaux, mais seulement si on a la température et les alizés qui vont avec !

Ensuite le temps se dégage mais le vent faiblit, refuse, et surtout le courant renverse. Nous sommes crevées, il est tard, on abandonne Chichester pour visiter Littlehampton plus proche. Le courant de marée à l'entrée est impressionnant, et on étale tout juste au moteur dans la baie pourtant plus calme du port... Nous sommes un peu déçues par la ville, très similaire à Newhaven alors qu'on nous avait vanté un petit coin de nature...








Le lendemain Laure est patraque, trop de soleil la veille sans doute... On rejoint donc calmement un port facile et qu'on connait bien: Brighton. La nav au ras de la côte avec un bon 4b de sud et un grand soleil est toutefois très agréable. On arrive tôt, juste avant la pétole molle et on s'offre une grande sieste suivie d'une grande nuit !

Dernier jour, il ne nous reste que 6M à parcourir dans un vent de Nord (de terre) rafaleux. On sort plutôt toilées, à peine un ris et quelques tours dans le génois, sur une mer toute plate. Le vent est finalement assez fort mais ne lève aucun clapot au ras des falaises. On s'offre quelques aller retour au travers en glisse pure, à 6.5 nds sans à coup c'est génial ! Allez assez joué on rentre au port sous une pluie naissante, qui s'intensifie...

Finalement on repart un peu frustrée de notre week-end, naviguer 3 jours entre une réunion et un avion c'est bien, mais on regrette des navigations où on avait vraiment le temps d'aller quelque part... Mais patience, un jour nous aurons le temps de nouveau...

7-8 juin: en ville, en mer et en montagne !

Samedi 7 juin, c'est la gay pride à Bergen ! On va faire un tour le long du (très) modeste défilé (très exactement 732 personnes !), dans une ambiance festive. De manière très surprenante il y a une écrasante majorité de filles alors que leur présence est habituellement anecdotique dans tous les autres événements de ce type.






Bien on a militanté 2 heures, allons faire du bateau plutôt ! Départ de Sotra où l'un des bateaux de notre club local est désormais amarré. On embarque un collègue et un barbecue avec nous, et après quelques bords sous le soleil on rejoint la petite baie abritée où l'on peut mouiller pour dîner. Barbecue tranquille dans le soleil couchant du soir, puis retour au port dans les dernières lueurs du jour à 22h30.















A chaque sommet il y a une boite avec un carnet ou les
randonneurs inscrivent leur nom
Le dimanche on veut randonner ! Direction Overdal au sud est de Bergen pour l'ascension du Sviningen. Petite ascencion jusqu'au sommet à près de 800m de haut. La neige a complètement fondue en 1 mois et nous ne retrouvons pas la magie de l 'ascension du Gulfjellet. La balade continue ensuite sur une arête (en vérité plus une succession de sommets car les bords ne sont pas abrupts du tout) pour redescendre de l'autre côté après une petite promenade du dimanche de 6h30.


Chouette balade, mais on veut du grandiose ! Mais patience, pour la semaine prochaine on a un plan...

Pour plus de photos, cliquez ICI.



mercredi 11 juin 2014

1 - 5 mai 2014: bil tur i Vestlandet

Une vérité internationale en tout cas dans nos pays d'Europe: le mois de Mai est propice aux ponts et autres week-end prolongés. Nous voilà donc avec 5 jours devant nous, une Clio 1994 ( c'est l'année de construction hein, pas le modèle !) en parfait état, une tente, quelques victuailles et une carte. Cap au Nord, nous partons découvrir la Norvège de l'ouest au-delà de nos horizons habituels !

1er mai: Bergen - Runde:

Mo
Départ de Bergen par la route du ski, puis on tourne à gauche vers la route du kayak, puis on retourne à
droite, vers l'inconnu ! Il fait un temps absolument superbe et nous longeons le fjord autour de l'île d'Osterøy. Petite route à droite, nous voilà le long du Mofjorden, jusqu'à la petite ville de Mo tout au fond. On est à à peine une heure de chez nous, et on n'est déjà pas déçues...





La route continue, on traverse un premier fjord en ferry (le Sognefjord), puis un second (le Norfjord), puis un troisième, puis un tunnel nous amène sur les petites île en mer au sud d'Alesund. Quelques pont (à une voie) plus tard, nous atteignons l'île de Runde, tout au bout du monde.

L'île abrite une colonie d'oiseaux (environ 500 000 oiseaux pendant la période de nidification). Des fous, des guillemots et surtout des macareux par centaines ! Magnifique moment au bord de la falaise sous une averse de grêle, à regarder le vol circulaire des fous et des macareux... lorsqu'un aigle surgit et chope un guillemot dans ses serres ! 5 autres aigles se disputent la proie pendant que les autres oiseaux poursuivent leur ballet...

Runde


Des images plein les yeux on file sous la tente, pour une nuit... frisquette...

2 mai: Runde - Geiranger:

Destination Alesund ce matin. La ville est célèbre en Norvège pour avoir été entièrement reconstruite en style "art nouveau" après l'incendie l'ayant ravagée en 1904. Mouais, bon... pour l'instant on préfère Bergen ! En plus il fait franchement froid, ça sent la neige...








On reprend la route, le Storfjorden à droite et les vallées couvertes de pommiers en fleur à gauche. Joli. Un ferry plus tard, nous voilà dans la montagne, le col à 600m est franchement enneigé ! La route redescend en lacet au dessus du majestueux fjord de Geiranger. Assez impressionnant malgré la neige qui tombe franchement.

Même pas mouillée :-)
Pas envie de retenter l'expérience frileuse de la nuit précédente, nous découvrons le charme de la "hytte", prononcer "hutteu": une jolie cabane en bois comme celles que l'on construisait petites, très jolie, et ô joie chauffée !


Nos arrières étant assurées, nous partons randonner à la découverte de la chute d'eau locale, et même derrière la chute d'eau ! Assez impressionnant, surtout avec tous ces stalactites... On rentre à la hytte en croisant quelques lamas, sisi, avec vue sur le plus beau fjord du monde...





3 mai: Geiranger - Sogndal:

Départ en ferry, sous un temps franchement maussade, qui donne au fjord des teintes mystérieuses... C'est toujours magnifique, et on trouve enfin un poster pour replacer celui qui moisit sur Saltimbanque.






















On reprend la voiture sous une neige dense... Route assez longue jusque Fjaerland, avec de  nombreux beaux points de vue sur diverses fjords, lacs, vallées...

A Fjaerland nous allons à la rencontre des glaciers ! La glace est bleue comme jamais, et nous pouvons nous approcher à toucher les blocs tombés dans la vallée glacière. Les podiums des JO de Lillehammer ont été taillés à partir de ce glacier. On reste presque une heure hypnotisées par la glace...



La journée se termine dans une hytte grand luxe, et une jolie promenade le long du Sognefjord.








4 mai: Sogndal - Laerdal: 

Au réveil il fait un temps fabuleux. On conduit un peu, voir un joli petit village puis quelques églises historiques avant de se garer au pied du mont Molden (1116m), et d'en débuter l’ascension. La neige brille dans le soleil, mais le vent est glacial au sommet. On profite donc de la vue fabuleuse bien emmitouflées ! De là où nous sommes, on se rend compte à quel point la Norvège est par défaut un plateau à 1300m de haut, parfois creusée par des fjords dans lesquels la mer s'engouffre.




Une église plus tard, nous retraversons le Sognefjord en ferry pour Laerdal. Joli petit village ancien, surmonté de son aqueduc neo-classique. La hytte du soir nous voit à proximité de l'église de Borgund.


5 mai: Laerdal - Bergen:

Les vacances sont finies et il faut bien rentrer. Nous visitons la superbe église de Borgund, puis rentrons sous une pluie battante via quelques points de vue.



On se répète définitivement, mais ja, vi elsker dette landet...

Plus de photos ICI.




mercredi 4 juin 2014

17 Mai – Ja, vi elsker dette landet!

La caserne des pompiers est-elle assez décorée..?
Le 17 mai est la fête nationale en Norvège. On commémore l’écriture de la première Constitution norvégienne, en 1814. (Que cette Constitution ait été écrite en danois car le norvégien n’existait pas encore à l’écrit après des siècles de domination – et que la Norvège ait été, après trois mois d’indépendance seulement, assujettie a la Suède pour 91 ans de plus – ne modèrent que peu l’attachement des Norvégiens pour cette date). Le 17 mai 1814 donc, l’assemblée constituante adopta, à Eisdvoll (pas loin d’Oslo), un texte radicalement démocratique a l’époque, par lequel le roi est choisi par le peuple - et qui est aujourd’hui la deuxième plus ancienne constitution encore en vigueur (après la Pologne)












Motivation supplémentaire: le gâteau traditionnel
Fait de cercles en génoise / poudre d'amandes
Cette année est particulière car si vous comptez bien… cela fait 200 ans ! Nous nous apprêtons donc à fêter dignement ce noble anniversaire, et la veille du Grand Jour nous voit studieuses et affairées, à apprendre l’hymne national, « Ja, vi elsker ». Composé en 1860, la traduction littérale du refrain en est :

« Oui, nous aimons ce pays, qui s’étend
Déchiqueté et battu par les vents, au-dessus de l’eau,
Avec ses mille foyers
Aimons, aimons et pensons à notre père et notre mère
Et aux nuits de saga qui descendent sur la terre. »














Notre amie Sofie pose pour nous
Le jour même, sous un soleil radieux nous nous dirigeons vers la ville (qui résonne depuis 7h des tambours des buenkorps – voir notre article de l’année dernière). Les rues sont pleines de familles endimanchées, les hommes en costumes - et toutes les femmes sans exception portent le "bunad" de leur région d’origine. Ce vêtement compose d’une jupe ample et d’un plastron coloré recouvrant un chemisier blanc est traditionnellement cousu par la mère et la grand-mère d’une jeune fille et offert à la confirmation de celle-ci. Orné de chaînettes et boutons en argent, un tel habit coûte plus de 30,000 couronnes et on n’en reçoit qu’un dans sa vie ! (Les garçons aussi en ont un, mais ils le portent moins souvent, pour certaines cérémonies familiales seulement).













Pour une fois notre tenue de berguennoises typiques (pantalons de sport et vestes fluos) dénote, et on mise sur les petits drapeaux dont on a pris soin de se munir pour se faire accepter. La parade s’étire entre la forteresse et la place des fêtes au bord du lac, le loin du quai de Bryggen, en plein centre historique. Toutes les écoles, tous les clubs de sport, toutes les associations de toutes professions, confessions, occupations… défilent. Des heures de couleurs et de musique, tout ça si bien organise que le cortège peut même repasser en sens inverse le long du même parcours, en croisant les suivants – sans qu’aucun buenkorps s’éborgne de son arbalète en plastique les gymnastes qui font des acrobaties.


















Quelques heures plus tard, les discours officiels ont lieu sur la place des fêtes, sur une estrade en forme de drakkar - pas du tout kitsch – et prudemment abritée sous un affreux taud en toile cirée (aujourd’hui il fait beau, mais on est à Bergen…). Différents intervenants du comité d’organisation, de l’armée ainsi que d’autres officiels se succèdent, entre deux chansons ou jeu de carillon de la cathédrale. Nous entonnons fièrement l’hymne que l’on connait maintenant par cœur, remplies de réel amour pour ce pays ! S’ensuit l’intervention de Erna Solberg – Madame la Première Ministre en personne ! « Iron Erna », la chef du parti conservateur qui a remporté les dernières élections, ancienne maire de Bergen, fait un beau discours (dont on comprend presque la moitié, si si !), sur l’estrade toute simple a moins de 20 mètres de nous. La proximité des personnalités politiques, comme royales, nous étonne dans ce pays : la semaine d’avant, le roi en personne participait avec les mômes de la ville à un concours de pêche à ce même endroit. Les jardins de sa résidence d’été, au sud de Bergen, sont d’ailleurs entièrement ouverts au public, et tout le monde peut se balader jusqu’à sur sa terrasse même, sans restriction (ah si : les barbecues sont interdits quand le roi est présent).
Apres toutes ces émotions, quelques heures de repos à la maison sont bienvenues. En fin d’après-midi on replonge dans les rues en fête, pour constater que beaucoup de jolis bunads ont été remplacés par des tenues de ville ou de soirée, et que la plupart des norvégiens, attablés en terrasse autour d’une bière, bavardent joyeusement entre amis ou en famille. La scène-drakkar accueille des groupes de musique pop et rock, tandis qu’une autre scène, sur la grande place du centre, présente des groupes classiques ou folkloriques. On flâne entre les deux places, on avale une soupe de poisson chez les Sostrene Hagelin (le fast food version pêcheurs), et on découvre un petit groupe de rock appelé Razika : quatre berguennoises de 20 ans, la coupe au carré et toute bien habillées en petit chemisier sage, qui se déchaînent sur leurs guitares électriques. Un de leur tube s’intitule «Oslo – tu n’es rien pour nous » et nous séduit aussitôt !





Le lendemain, il fait toujours aussi beau et nous allons déjeuner sur la plage, avec notre barbecue et nos saucisses et courgettes à griller. L’eau est belle (mais froide) et les petites cabanes de pèche rutilent sous le soleil.
On poursuit ensuite dans la veine patriotique en allant visiter l’ile d’Ole Bull, LE violoniste et compositeur norvégien, né à Bergen en  1810. Les années 1840-1867 ont marqué pour la Norvège en « union » avec la Suède une période de renaissance culturelle : Ole Bull au violon, Edvard Munch aux pinceaux et Henrik Ibsen a la plume ont tous chanté l’identité norvégienne et contribué à la naissance d’un sentiment d’indépendance si fort que le 7 juin 1905, la séparation de le Suède est déclarée par le Parlement norvégien à l’issue d’une escalade de tensions politiques et militaires.
Ole Bull lui-même a finalement passé plus de temps à l’étranger, se produisant pour des concerts exceptionnellement réputés en Europe et en Amérique, amassant une petite fortune avec laquelle il acheta toute une région de la Pennsylvanie, dans les jeunes Etats-Unis, avec l’idée d'en faire une mini-Norvège libre. Hélas, son choix était plus guidé par les qualités esthétiques des forêts et des montagnes qui lui rappelaient sa mère patrie que par la fertilité de la terre, et bientôt tous les colons durent partir du mini-pays appelé « Oleana » (d’après son nom et celui de sa mère, Ana).























En 1872 Ole avait 62 ans quand il se fit construire, sur une petite île au sud de Bergen, une splendide villa tout en bois et en spirales, pour y passer ses étés. Il y mourut en 1880. Dans la villa, l’immense salle de musique contient plusieurs instruments anciens et particuliers, que nous admirons avant de nous promener sur le petit sentier qui fait le tour de l’île. C’est aujourd’hui l’ouverture annuelle, et un jeu de piste semble avoir été organisé par le grand quotidien le Bergen Tidende : des centaines de familles se pressent sur l’embarcadère pour s’entasser, 40 personnes à la fois, dans le petit ferry qui fait la navette sans s’arrêter un instant, industrieux petit bateau peu habitué à de telles foules. Cela signifie plus d’une heure d’attente avant de pouvoir embarquer vers l’île et pareil au retour. 



La terrasse royale










Rhododendrons sur Fjellveien



















Pour évacuer la frustration de l’attente, nous allons nous dégourdir les jambes dans les jardins du roi. Il fait beau et les rhododendrons sont en fleur, c’est la plus belle saison à Bergen, lorsque le soleil ne se couche que tard sur le fjord, dans un spectacle interminable de couleurs incroyables… ja, vi elsker dette landet !