La caserne des pompiers est-elle assez décorée..? |
Motivation supplémentaire: le gâteau traditionnel Fait de cercles en génoise / poudre d'amandes |
« Oui, nous
aimons ce pays, qui s’étend
Déchiqueté et
battu par les vents, au-dessus de l’eau,
Avec ses mille
foyers
Aimons, aimons et
pensons à notre père et notre mère
Et aux nuits de
saga qui descendent sur la terre. »
Notre amie Sofie pose pour nous |
Pour une fois notre tenue de berguennoises typiques (pantalons de sport et vestes fluos) dénote, et on mise sur les petits drapeaux dont on a pris soin de se munir pour se faire accepter. La parade s’étire entre la forteresse et la place des fêtes au bord du lac, le loin du quai de Bryggen, en plein centre historique. Toutes les écoles, tous les clubs de sport, toutes les associations de toutes professions, confessions, occupations… défilent. Des heures de couleurs et de musique, tout ça si bien organise que le cortège peut même repasser en sens inverse le long du même parcours, en croisant les suivants – sans qu’aucun buenkorps s’éborgne de son arbalète en plastique les gymnastes qui font des acrobaties.
Quelques heures plus tard, les discours officiels ont lieu sur la place des fêtes, sur une estrade en forme de drakkar - pas du tout kitsch – et prudemment abritée sous un affreux taud en toile cirée (aujourd’hui il fait beau, mais on est à Bergen…). Différents intervenants du comité d’organisation, de l’armée ainsi que d’autres officiels se succèdent, entre deux chansons ou jeu de carillon de la cathédrale. Nous entonnons fièrement l’hymne que l’on connait maintenant par cœur, remplies de réel amour pour ce pays ! S’ensuit l’intervention de Erna Solberg – Madame la Première Ministre en personne ! « Iron Erna », la chef du parti conservateur qui a remporté les dernières élections, ancienne maire de Bergen, fait un beau discours (dont on comprend presque la moitié, si si !), sur l’estrade toute simple a moins de 20 mètres de nous. La proximité des personnalités politiques, comme royales, nous étonne dans ce pays : la semaine d’avant, le roi en personne participait avec les mômes de la ville à un concours de pêche à ce même endroit. Les jardins de sa résidence d’été, au sud de Bergen, sont d’ailleurs entièrement ouverts au public, et tout le monde peut se balader jusqu’à sur sa terrasse même, sans restriction (ah si : les barbecues sont interdits quand le roi est présent).
Apres toutes ces émotions,
quelques heures de repos à la maison sont bienvenues. En fin d’après-midi on
replonge dans les rues en fête, pour constater que beaucoup de jolis bunads ont
été remplacés par des tenues de ville ou de soirée, et que la plupart des norvégiens,
attablés en terrasse autour d’une bière, bavardent joyeusement entre amis ou en
famille. La scène-drakkar accueille des groupes de musique pop et rock, tandis
qu’une autre scène, sur la grande place du centre, présente des groupes
classiques ou folkloriques. On flâne entre les deux places, on avale une soupe
de poisson chez les Sostrene Hagelin (le fast food version pêcheurs), et on découvre
un petit groupe de rock appelé Razika : quatre berguennoises de 20 ans, la
coupe au carré et toute bien habillées en petit chemisier sage, qui se déchaînent
sur leurs guitares électriques. Un de leur tube s’intitule «Oslo – tu n’es rien
pour nous » et nous séduit aussitôt !
Le lendemain, il
fait toujours aussi beau et nous allons déjeuner sur la plage, avec notre
barbecue et nos saucisses et courgettes à griller. L’eau est belle (mais
froide) et les petites cabanes de pèche rutilent sous le soleil.
On poursuit ensuite
dans la veine patriotique en allant visiter l’ile d’Ole Bull, LE violoniste et
compositeur norvégien, né à Bergen en 1810.
Les années 1840-1867 ont marqué pour la Norvège en « union » avec la Suède
une période de renaissance culturelle : Ole Bull au violon, Edvard Munch
aux pinceaux et Henrik Ibsen a la plume ont tous chanté l’identité norvégienne
et contribué à la naissance d’un sentiment d’indépendance si fort que le 7 juin
1905, la séparation de le Suède est déclarée par le Parlement norvégien à l’issue
d’une escalade de tensions politiques et militaires.
Ole Bull lui-même
a finalement passé plus de temps à l’étranger, se produisant pour des concerts
exceptionnellement réputés en Europe et en Amérique, amassant une petite
fortune avec laquelle il acheta toute une région de la Pennsylvanie, dans les
jeunes Etats-Unis, avec l’idée d'en faire une mini-Norvège libre. Hélas, son
choix était plus guidé par les qualités esthétiques des forêts et des montagnes
qui lui rappelaient sa mère patrie que par la fertilité de la terre, et bientôt
tous les colons durent partir du mini-pays appelé « Oleana » (d’après
son nom et celui de sa mère, Ana).
En 1872 Ole avait 62 ans quand il se fit construire, sur une petite île au sud de Bergen, une splendide villa tout en bois et en spirales, pour y passer ses étés. Il y mourut en 1880. Dans la villa, l’immense salle de musique contient plusieurs instruments anciens et particuliers, que nous admirons avant de nous promener sur le petit sentier qui fait le tour de l’île. C’est aujourd’hui l’ouverture annuelle, et un jeu de piste semble avoir été organisé par le grand quotidien le Bergen Tidende : des centaines de familles se pressent sur l’embarcadère pour s’entasser, 40 personnes à la fois, dans le petit ferry qui fait la navette sans s’arrêter un instant, industrieux petit bateau peu habitué à de telles foules. Cela signifie plus d’une heure d’attente avant de pouvoir embarquer vers l’île et pareil au retour.
La terrasse royale |
Rhododendrons sur Fjellveien |
Pour évacuer la frustration de l’attente, nous allons nous dégourdir les jambes dans les jardins du roi. Il fait beau et les rhododendrons sont en fleur, c’est la plus belle saison à Bergen, lorsque le soleil ne se couche que tard sur le fjord, dans un spectacle interminable de couleurs incroyables… ja, vi elsker dette landet !
quel beau temps pour fêter ce beau pays !!
RépondreSupprimerBeaux paysages et culture dense ...
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