samedi 30 avril 2016

Pâques au soleil

 Pâques, c'est sérieux en Norvège! Le pays entier s'arrête des le dimanche précédent, et alors commence une transhumance annuelle et irrépressible: vers les montagnes. Si l'on compte la masse de l'ensemble des habitants qui s'élève ainsi de 1000 mètres environ chaque année à la même date, et reste suspendue en hauteur pendant une semaine avant de redescendre en masse dans les vallées et les villes, ca fait certainement plus d'énergie potentielle que dans les barrages des fjords voisins.
Bref, tout le monde est dans sa "hytte" et fait du ski. Et lit le dernier roman policier (puisque le prix norvégien des romans policiers est, opportunément, décerne la semaine précédente – et s'appelle "crime de Pâques")
Et donc cette année, au lieu de suivre nos compatriotes sur les sommets, nous avons suivi le soleil!
D'Oslo il y a un vol direct vers Malaga (dont on découvrira plus tard qu'il est largement justifié par les 100 000 scandinaves en retraite qui ont émigré en Andalousie!)

        

Premier jour: Séville

Première étape du marathon pascal: la belle Séville. Pendant la semaine sainte elle attire des milliers d'espagnols qui viennent, endimanchés et en famille, assister aux processions des confréries. Cette tradition remonte au XVIe siècle: chaque paroisse a son "paso", ou statue de bois peint représentant Jésus et / ou Marie, montée sur un socle d'or ou d'argent massif de plusieurs tonnes, qu'un groupe d'hommes promène dans les rues pendant des heures. Les statues sont encadrées de "Pénitents" encagoulés et portant, dans un ordre codifié, des banderoles, des bougies, des croix en bois et des instruments de musique. Les couleurs des costumes varient selon les paroisses, mais la forme est toujours la même. Et oui, ils ressemblent au Ku Klux Klan à en faire peur! Ce qui est normal, car le Klan a repris leur uniforme au début du XXè siècle. Les processions datent du moyen-âge, et l'origine des costumes remonte donc aux uniformes portés par les condamnés à mort qui devaient ainsi faire pénitence sous les quolibets de la foule, au temps de l'Inquisition… (beaucoup plus rassurant donc!)
Aujourd'hui il y a 60 confréries, qui rassemblent chacune plusieurs centaines de membres. Et quand ils défilent tous au pas dans les rues de la ville, cela occupe toute la semaine sainte, du mardi au dimanche, jour et nuit!
Pendant cette période, il est difficile de trouver un logement à Séville et impossible de circuler! On a la chance de trouver une place de parking dans la cour d'un des plus prestigieux hôtels de la ville à deux pas de la Cathédrale – et on quitte les jardins somptueux gardés par les concierges en livrée, le sac au dos, en route pour l'aventure J  !
La cathédrale est fermée aujourd'hui, mais le palais des rois est encore ouvert à la visite… quel éblouissement! Le premier contact avec l'architecture andalouse nous abasourdit. La richesse et la finesse des décorations sur les sols, les murs, les plafonds; l'élégance des formes et le mélange constant des influences nous étourdissent. Comme partout en Andalousie, ce palais a été construit et agrandi par les Maures, avant d'être repris et modifié par les rois catholiques. Les styles se mélangent au lieu de se superposer, les motifs chrétiens s'intègrent aux fresques musulmanes au lieu de les remplacer.

Les murs sont en briques recouvertes de fresques sculptées dans le plâtre et généralement peintes de vives couleurs (dont peu ont survécu). Le marbre et la pierre font de rares apparitions. Les murs sont décorés de mosaïques en faïence. Les plafonds sont invariablement de bois richement sculpté, recouvert de peintures et dorures.
Partout il y a de l'eau, des fontaines, ou des miroirs d'eau positionnés sur le chemin des visiteurs, pour les impressionner par la majestuosité des facades qui s'y reflètent. Les jardins intérieurs et patios sont nombreux, ombragés d'orangers. Dire que tout cela a été bâti du 13e au 15e siècle!

Le soir nous nous posons enfin autour de tapas et de biere avant d'aller voir les processions.




Deuxieme jour, Carmona, Cordoue, Grenada

Depart de Seville pour Cordoue, on s'arrete sur la route dans la petite ville medievale de Carmona. Tres jolie petite ville, et le soleil en profite pour sortir des nuages !










On reprend la route vers Cordoue, quand une grosse lumiere en altitude nous intrigue. Qu'est ce que c'est que ce truc ?? Plus on s'approche plus la lumiere grossit..
Il s'agit en fait de la fameuse tour solaire andalouse: un champ de panneaux solaires concentre ses rayons vers le sommet d'une tour ou se trouve un reservoir d'eau qui du coup chauffe tres fort. 








Diversion technico-renouvelable terminee, on arrive a Cordoue. On est d'abord un peu noyees dans les bus de touristes et la circulation dense. Et comme toutes les rues du centre sont fermees pour les defiles du soir, ca n'arrange rien. 

Mais bon on arrive tout de même a se garer, et on file visiter la catherale / mosquee qui fait la renommee de la ville. La mosquee a ete creee par les maures, puis tranformee en cathedrale lors de la reconquête de l'Andalousie par les rois catholiques. Mais lors de la conversion, les specificites catholiques ont ete  integrees a la mosquee existante, en essayant de conserver un maximum cette merveille architecturale. Le resultat est etonnant, c'est un peu le bazar, mais on passe des heures a chercher les caligraphies arabes au milieux des arches gothiques !








Petite balade le long du fleuve guadalquivir, le long du palais des rois catholiques (oui ceux qui ont envoye Christophe Colomb aller voir ailleurs s'il y arrivait par l'ouest, eux-même), puis on reprend la route vers Grenade.







Arrivee en soiree, direction un petit cafe repere sur un site internet ou on se tasse, prenons une biere qui vient avec son tapas offert, et ecoutons des andalous gitans on ne peut plus typiques chanter du  flamenco.

Troisieme jour: Grenade et Trevelez

Ce matin, reveil tot, tres tot... C'est que tous les billets pour l'alhambra en pre-vente sont deja partis, et notre dernier espoir pour visiter ce joyau d'obtenir l'un des 2000 billets vendus sur place le jour meme. Alors on fait la queue, on joue sur plusieurs tableaux (queue aux machines, queue aux guichets) et on obtient le fameux sesame !

Notre visite est prevue pour l'apres midi. On profite de la matinee pour se promener dans l'ancien quartier arabe et ses toutes petites rues, puis on visite enfin le palais tant attendu.









Il fait tres tres chaud et le côte hyper touristique est un peu penible, mais il faut avouer que le palais est assez unique.

N'empeche on est bien contentes de quitter la ville et les cars de chinois pour nous diriger vers les montagnes des Alpujarras...











Quatrieme jour : les Alpujarras et Nerja

Le petit village de Trevelez - haut nous seduit. Ruelles minuscules et desertes, on croise un local et son âne, on dine dans un restau on ne peut plus typique, bref on decompresse apres les foules de ces derniers jours.

Une montagne, il va falloir qu'on monte dessus ! Et c'est parti pour l'ascencion du sommet d'en face (2200m seulement, il reste encore pas mal de neige apres), il fait chaud et les points de vue sont magnifiques. Ah ca fait du bien de se degourdir les jambes ! On les trempe même dans un ruisseau cristallin au retour mais... juste le temps de la photo elle est glaciale !!!

























On reprend la petite route de montagne vers Bubion et Caldeira. Les villages sont magnifiques egalement, mais on les trouve un peu moins preserves que Trevelez.









On redescend finalement sur la côte pour diner, a la station balneaire de Nerja. Nous n'avions que tres peu d'attente de la cöte que nous savions betonnee. Et pourtant nos passons une tres bonne soiree dans une petite ville tranquille, aux points de vue assez beau sur la mer, et etonnament pleine de Suedois ! Tout est ecrit en espagnol, en anglais... et en suedois ! Meme le gerant du bed and breakfast ou on dort s'acharne a nous parler en suedois comme il a remarque nos coordonnees norvegiennes sur la reservation.... 





Cinquieme jour: Ronda et... Decathlon

Dernier jour, route vers Ronda, ville construite sur une faille et celebre pour son pont ! On s'attend a retrouver le tourisme de masse qui regne sur les plus beaux site du coin, mais sommes agreablement surprises. C'est tres vivable, il fait beau, la ville est sympatique, il y a de belles ballades a faire, et finalement nous passerons toute la journee a flaner dans ses petites ruelles ! On visite meme la corrida historique, avant de retourner sur Malaga.

O joie, le decathlon a proximite de l'aeroport est ouvert, nous pouvons rapidement refaire nos stocks de chaussures et manteaux impermeables a un prix pas du tout scandinave !

Et voila pour le recit un peu rapide de nos dernieres vacances. Ces dernieres semaines nous ont vues tres occupees, professionnellement tout comme par la saison de voile qui recommence a grande vitesse. On a donc du accelerer un peu la production de cet article au detriment de sa qualite. 

Vengez vous donc sur les photos ICI.






vendredi 1 avril 2016

Croiseur contre-torpilleur, coulé!

L'armée norvégienne n'est pas très grande en comparaison des traditionnelles puissances européennes. Ils ont peu de grandes victoires militaires à leur actif - en tout cas depuis qu'ils ont laissé leurs drakkars au port. Mais il y a une victoire dont ils sont fiers: celle de Drøbak, en avril 1940.

Reprenons le cours des évènements: le 9 avril 1940, l'opération "Weserübung" est lancée. Il s'agit de l'invasion par les troupes allemandes du Danemark et de la Norvège, pour "préserver leur neutralité face à une possible occupation franco-britannique". La Wehrmacht se lance donc à l'assaut des deux pays d'un coup, facile!
Le Danemark, pays plat et difficile à défendre, se rend en moins de 6 heures. C'est le record d'efficacité de cette guerre. En échange, le régime d'occupation sera particulièrement tolérant, au point de laisser la majorité des juifs se réfugier à l'étranger au lieu de les déporter (en 1943).
Les vikings du Nord par contre, qui ont de longs fjords et de hautes montagnes, ne se rendent pas aussi facilement!

Passage obligé sur la route d'Oslo




Et donc, le 9 avril 1943 au matin, le croiseur allemand Blücher et sa flotille sont pris sous le feu de la forteresse d'Oscarborg en face de Drøbak, à l'entrée du fjord d'Oslo. La forteresse est particulièrement bien équipée avec des canons et de l'artillerie de qualité allemande :-)   Apparemment les services de renseignement avaient juste oublié de noter la présence de torpilles sous marine à cet endroit.
Bref, le croiseur allemand est touché, coulé. L'avancée allemande est stoppée pendant assez longtemps pour que la famille royale et le gouvernement s'enfuient vers l'Angleterre (avec quelques caissettes du trésor national). Le roi et le gouvernement ne se sont jamais rendus du coup, et ont continué à organiser la résistance depuis Londres.








Plusieurs décennies plus tard, le soleil est encore timide en ce moins d'avril, mais il chauffe déjà assez pour nous donner envie d'aller voir la mer!
Drøbak n'est pas très loin d'Oslo. C'est une petite ville charmante et balnéaire, pleine de maisons en bois coloré et de placettes pavées. Et un mignon petit port qui sort doucement de son hibernation.




















La fameuse forteresse se trouve en face, au milieu du fjord. On y accède par un petit ferry. Les bâtiments militaires transformés en musée raconte en plusieurs dizaines de tableaux la même histoire. Ils ont coulé un croiseur allemand. Ils ont sont fiers!
Dehors les pièces d'artillerie pointent encore vers le fjord, où passent surtout des jolis voiliers et des gros paquebots en provenance de Copenhague ou de Kiel.




Bloup bloup bloup le croiseur allemand!

Qu'y z'y viennent!

















On se promène donc tranquillement sous le soleil en jouant avec les réglages de notre nouvel appareil photo. Pas de torpilleur ou de croiseur en vue, pas même trop de touristes encore en cette saison. Juste un petit phoque qui nage parmi les canards  :-)

Plus de photos de l'île forteresse qui sauva le roi de Norvège ici